La nuit était douloureusement fouettée par une pluie fine et continue. Une lune blafarde s'accrochait désespérément sur les toits des chaumières. Les arbres mouillés versaient des larmes abondantes. Le vent, soufflait dans les feuilles fatiguées qui, en se frottant, produisaient un bruit lugubre. Les branches se tordaient comme des bras diaboliques, et les eaux tourmentées par des rafales brusques sanglotaient. Le paysage annamite, encadré dans une végétation luxuriante, d'ordinaire si gai et si poétique sous la lune, était devenu singulièrement triste. Une agonie universelle planait. Une fatalité était quelque part.
La lumière languissante des bougies parfumées chancelait sur des mèches tordues et jetait sur les colonnes laquées du palais des ombres qui bougeaient et des yeux qui clignotaient. Les eunuques somnolaient paresseusement sur une natte étalée par terre dans un coin. On sentait du silence qui rampait.
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NGUYEN AI QUOC
L'Humanité, 20-06-1922
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